“Samedi de printemps dans une jardinerie . Grande promo sur les azalĂ©es : dix euros le pot . Elles sont lĂ en rangs serrĂ©s sur les prĂ©sentoirs, alignĂ©es comme des misses, plus Ă©clatantes les unes que les autres .
A la caisse, je rencontre Claire, une de mes voisines . Une de ces filles un peu ternes, et mĂŞme carrĂ©ment effacĂ©es, qu’on ne remarque pas au premier abord … mais elle cache bien son jeu : sous ses dehors grisâtres, Claire est une fille formidable, le coeur sur la main, toujours prĂŞte Ă rendre service aux autres .
Dans le caddie de Claire, deux azalées . La première, bien ronde, épanouie, magnifique, couverte de fleurs rose vif . A côté de cette azalée de compétition, la seconde fait grise mine, moins fleurie, et même un peu rabougrie .
Comme je m’en Ă©tonne, Claire hausse les sourcils : ” ah, tiens, je n’avais pas remarquĂ© ! En fait, la première, c’est pour offrir … l’autre, bof, ce n’est que pour moi … ”
La Fontaine en aurait fait une fable … j’imagine mĂŞme la morale, en alexandrins comme il se doit :
” Mes soeurs, c’en est assez de vous sous-estimer ;
Vous aussi mĂ©ritez une belle azalĂ©e ! ”
SignĂ© : Turquoise”