« L’aut’ jour, qu’on Ă©tait en famille en train de trempouiller nos pieds au bord de l’eau, on s’est aperçus qu’on avait un gène en commun avec tous les membres de la smala: La Haine de la chaussure CROCS (le site internet France, d’ailleurs, est truffĂ© de fautes d’orthographe, ça a ajoutĂ© Ă ma rĂ©volte). Pas juste un petit dĂ©gout, hein, mais la vraie Haine, celle du dĂ©sespoir, de la rĂ©volte, avec du sang et des pleurs.
On s’est mis Ă compter le nombre de gens Ă©quipĂ©s de ces choses sur la plage, en ville, partout. Le chiffre augmentait Ă une allure folle, et, couplĂ© au petit rosĂ© sur la plage, ça nous a vite donnĂ© la nausĂ©e, le vertige.
Des millions de questions ont entrepris de parasiter notre esprit perplexe : Mais pourquoi ? Mais d’oĂą ça vient ? Mais comment osent-ils ? Mais comment peton? ( <– admirez que, mĂŞme en juillet, on peut faire de l’esprit)
Il parait que c’est confortable. Est-ce une raison suffisante ? Mes collants de ski et mon jogging de mes annĂ©es lycĂ©es sont confortables, je mets parfois ce dernier pour poncer un meuble sur la terrasse et faire rire mes voisins. Ce n’est pas pour ça que je me permets de les porter “dans la vraie vie!”
A mon avis, les CROCS, ça devrait ĂŞtre comme le grignotage de saucisses Herta devant Secret-Story, les pratiques sexuelles dĂ©viantes Ă base de nouilles sautĂ©es au soja, ou les traitements contre les TOC: indispensable, bien-sĂ»r, mais du domaine de la Vie PrivĂ©e ! Chacun pratique ça s’il le veut (on vit quand mĂŞme dans une putain de belle dĂ©mocratie), mais chez lui.
Comment le PDG de l’entreprise CROCS a-t-il eu cette idĂ©e Ă la fois affreuse, rĂ©volutionnaire, lumineuse, et successful ?
D’accord pour que les infirmières portent ça en plein service (oui, on a comptĂ©, mĂŞme au bloc), mais comment cette chaussure uniforme peut-elle passer les portes de l’univers stĂ©rilisĂ© de l’hĂ´pital ?
La femme qui porte des CROCS, le fait-elle librement, par choix philosophique, ou bien sous la contrainte ? Est-elle forcĂ©e par son mari jaloux ? Est-ce que, tout comme les pshiiiits Ă la citronnelle qui repoussent les moustiques, la CROCS a pour effet de repousser les assauts des hommes ? Est-ce que les pieds sentent bon avec les CROCS ? Le port des CROCS est-il sans danger pendant la grossesse ou l’allaitement ?
Cette femme, est-elle libĂ©rĂ©e par le port d’une chaussure aussi enlaidissante ? Ou bien souhaite-t-elle cacher des failles, des problèmes liĂ©s Ă l’enfance, derrière ces souliers de clown ? La CROCS, est-ce, finalement, la mĂ©taphore de l’extravagance dans la discrĂ©tion ? Le confort dans la honte? l’Apocalypse et la Genèse qui ne feraient plus qu’un ? (Si, si.)
Et les hommes, dans tout ça ? Se sentent-ils plus virils pour aller jouer au baby-foot avec leurs potes, quand ils portent ça ? Existe-t-il des pratiques ancestrales qui pourraient ressembler Ă ce qui se passe avec la CROCS ? En clair, y a-t-il une justification culturelle, historique, religieuse, qu’importe, qui me permette d’y voir plus clair, et de tolĂ©rer un peu mieux cet accoutrement qui choque mon esprit rĂ©publicain ?
Si vous avez un avis constructif, ou Ă l’inverse complètement con, peu importe, l’essentiel est que vous l’exprimiez, afin de vider la tension et le stress gĂ©nĂ©rĂ©s par cette pollution visuelle intolĂ©rable.
Signé : Marine »