Contours du jour qui vient

6 février 2007

Je viens de terminer le dernier roman de Léonora Miano, ça fait des mois que je n’ai été aussi fortement touchée par une lecture.

Contours du jour qui vient
est l’histoire de Musango, fillette battue et chassée par sa mère, qui vivra les errements de son pays en état d’après-guerre en observant l’âme de l’Afrique, avant de cheminer vers la sagesse et le pardon.
L’écriture est extrêmement dense, puissante, chaque phrase ou presque mérite d’être relue tant elle est d’une force et d’une profondeur remarquables.
La langue est à la fois ciselée et précise, sans la moindre fioriture inutile, et malgré cela souvent semblable, par ses rythmes lents et sa douce intensité, à un poème d’ombre et d’eau.
La réflexion de Léonora Miano, via Musango, sur la vie et l’humain, est d’une sagesse, d’une profondeur et d’une maturité exceptionnelles. L’auteure n’a que 33 ans, je suis soufflée de découvrir une pensée aussi avancée chez quelqu’un de si jeune.
Elle analyse avec une intelligence sans concession mais empathique, les difficultés des ses compatriotes à vivre, ensemble et pour eux-mêmes. Elle nous donne son regard sur l’Afrique équatoriale et ses violences, ses folies, ses douleurs, et cela sans juger ce continent où elle a passé la première moitié de sa vie, mais sans angélisme ni langue de bois, ce qui est rare.
Elle nous ouvre à ce ressenti de l’enfant rejeté presque jusqu’à la mort, qui ne peut se construire sans son amour pour sa mère violente et déchirée, et qui sait l’intégrer à sa vie pour que celle-ci puisse exister pleinement.
Léonora Miano est une très grande auteure.

48 commentaires Laisser un commentaire
Malgré les apparences, je sais lire

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48 commentaires

  • #1 leontine le 6 février 2007 à 9 h 26 min

    Merci Hélène pour le résumé de ce livre qui me donne très envie de le lire. J’aime beaucoup ce genre de roman et je vais donc m’empresser d’aller l’acheter, vu que justement, je n’avais plus rien à me mettre sous les yeux. Ces derniers temps, j’ai souvent été déçue et c’est vraiment rageant vu le prix des livres. Je me rabats souvent sur des "poches". Si ça ne me plait pas, en tout cas c’est moins cher.

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  • #2 caro ronde et jolie le 6 février 2007 à 9 h 36 min

    Elle a gagné le concours des lectrices de Elle, ai-je vu cette semaine. Tu vois, tu avais peur de ne pas savoir parler de ce livre et bien laisse moi te dire que tu le fais à la perfection…

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  • #3 Hélène le 6 février 2007 à 9 h 46 min

    Oui j’ai vu ça, après le Goncourt des lycéens à sa sortie, un prix de plus est amplement mérité !

    J’ai très envie de lire son premier livre (L’intérieur de la nuit), il a l’air aussi extraordinaire que celui-ci !

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  • #4 pomme le 6 février 2007 à 9 h 57 min

    Ton billet est magnifique.

    Ca tombe bien, j’avais déjà très envie de lire ce livre.

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  • #5 Ania le 6 février 2007 à 10 h 00 min

    Je n’avais jamais entendu parler de ce livre mais c’est vrai que te voir en parler comme ça, ça donne envie !

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  • #6 Mamzelle Maupin le 6 février 2007 à 10 h 09 min

    Tu en parles avec beaucoup de sensibilité, très beau billet.

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  • #7 Ln75 le 6 février 2007 à 10 h 23 min

    Tu me donnes envie de le lire.

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  • #8 Mouniou le 6 février 2007 à 10 h 57 min

    Je n’avais pas entendu parler de ce livre, moi non plus. Mais ton billet donne trés envie de le lire, par ton enthousiaste qui ne doit pas être vain, et ta façon de le décrire !

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  • #9 Annie le 6 février 2007 à 11 h 19 min

    Comme toutes les autres filles, ton analyse de ce livre donne vraiment envie de le lire. Tu n’as pas ta pareille pour cela. Merci beauoup et je vais de ce pas acheter ce bouquin.

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  • #10 Léa le 6 février 2007 à 11 h 58 min

    Moi, aussi, pareil que toutes les autres, ton billet me donne envie de lire ce livre. Et en fait, c’est ce que j’ai commencé à faire depuis 2 jours. Mais j’y vais assez doucement, car, en effet, l’écriture est forte, et profonde, mais aussi poignante et dure. Et je dois dire que le début me secoue vraiment. Donc je prends mon temps. Mais je remettrai un petit commentaire quand je l’aurai fini.

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  • #11 Hélène le 6 février 2007 à 12 h 02 min

    Je suis d’accord Léa, c’est dôrlement secouant, surtout le début. C’est pas mal de lire un truc léger, après ;-) Sois la bienvenue, au passage ! ;-)

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  • #12 Sandrine le 6 février 2007 à 14 h 57 min

    Bonjour, je suis toujours ravie de rencontrer une admiratrice de Leonora Miano, de sa prose, de son extraordinaire force d’ecriture. Elle est encore peu connue mais va le devenir et n’a pas fini de recevoir des prix ! Il faut absolument lire L’interieur de la nuit ou comment tout commence et qui est peut-etre, si c’est possible, encore plus fort. J’ai mis un petit commentaire sur mon blog mais tout petit parce que c’est trop dur de lui rendre justice… Ce billet par contre est tres reussi. Oui, deja une grande auteure !

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  • #13 caro ronde et jolie le 6 février 2007 à 15 h 01 min

    Rien que le titre est d’une poésie incroyable quand on y pense.

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  • #14 Hélène le 6 février 2007 à 15 h 06 min

    Oh oui Caro, le titre est somptueux…

    Sandrine j’ai cru que je n’arriverais pas à en parler correctement, tellement ce bouquin est fort, j’ai eu du mal à écrire ce billet ;-)

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  • #15 dola le 6 février 2007 à 15 h 30 min

    Je crains d’avoir l’âme trop sensible et que ce texte me hante jusque dans mon sommeil…

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  • #16 Baboux le 6 février 2007 à 15 h 31 min

    Ln 75, comme tu as l’air dans le coin, je t’ai fait un joli dessin pour te montrer comme je progresse :
    < ; °)
    Certes, je n’arrive pas encore pas à lui faire le nez au milieu mais j’y travaille…
    Pour en revenir à nos moutons, je suis d’accord avec vous les filles, le titre est d’une grande finesse. Je vais mettre ce livre sur ma liste des « pour plus tard ». Bien que ça ait l’air très triste. A lire quand on a bien le moral non ?

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  • #17 Hélène le 6 février 2007 à 16 h 18 min

    Ben moi ça me rend pas triste, Baboux, et pourtant j’ai l’âme assez sensible comme toi, dola. Mais là c’est tellement loin de nous (enfin de moi, en tout cas), que je ne me suis pas identifiée à cette fillette, et que ça ne m’a pas foutu le cafard.

    Ce n’est pas traité avec complaisance, en plus, et ça ne joue pas particulièrement sur les émotions, mais plus sur la réflexion et la pensée, je trouve.

    Cela dit ce qui touche est extrêmement personnel et variable de l’un à l’autre, je suis généralement peu sensible aux histoires de familles (à part dans les films indiens qui me font pleurer comme une madeleine, mais c’est un genre tout à fait différent, à fond dans l’émotion ;-)).

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  • #18 Ln75 le 6 février 2007 à 16 h 25 min

    Bravo ;-).
    Pour le nez tu fais un o minuscule ou un tiret(-), ça devrait marcher.

    Moi aussi j’ai un peu les jetons que ça me donne le cafard mais comme dis Hélène c’est super variable…donc…tant pis si je pleure, je prendrais des mouchoirs ;-)

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  • #19 Baboux le 6 février 2007 à 16 h 41 min

    <;-) ou <;o)????? Yeeees !!!
    THANKS Ln 75 !

    PS : Excuse-moi Hélène, c’est complétement hors sujet.

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  • #20 CristL le 6 février 2007 à 16 h 59 min

    Ton post, je trouve, donne une furieuse envie de le lire….
    Pour ma part quand je pense à l’Afrique, j’ai tout de suite des images qui me traversent l’esprit et des odeurs qui me viennent me chatouiller les narines. Et pourtant , je n’ai jamsi mis les pieds en Afrique. Cela doit être cela le pouvoir de l’imagination…

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  • #21 lilou17 le 6 février 2007 à 17 h 34 min

    Si tu me donnes envie de pleurer avant d’avoir commencé, qu’est-ce que ça va être ?
    Je vais prendre un stock de kleenex !
    PS : t’inqiète, j’aime les histoires qui font pleurer. Et rire. Et penser.
    Bon, j’aime lire, quoi !

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  • #22 Pokou le 6 février 2007 à 20 h 17 min

    J’ai lu ce livre que j’ai trouvé très bien écrit.

    Néanmoins, je ne peux pas m’empêcher de m’interroger sur le succès de la "littérature-catastrophe" africaine en France.

    Pourquoi les seuls écrivains noirs à percer sont-ils ceux qui parlent de guerre, de génocides, d’enfants soldats, voire de cannibalisme? C’est très étrange!

    Sandrine qui est intervenue plus haut dit sur son blog à propos du livre:

    "Pas réjouissant me dites-vous ? C’est pourtant une superbe fenêtre sur un continent inconnu, qui nous permet de mieux comprendre des gens dont on ne sait finalement rien, un monde ancien à la dérive, un nouveau qu’on refuse de voir construit."

    cafewaterford.blogspot.co…

    (Désolée Sandrine si ça ne se fait pas de te citer sur un autre blog, je n’en sais rien. Je viendrais commenter sur ton blog. Très interessant par ailleurs. )

    Est-ce que ceux qui lisent des livres sur des phénomènes aussi marginaux ont réellement l’impression d’en apprendre plus sur l’Afrique?

    Comprenez que ça m’intrigue de voir le succès des Miano, Beyala, et autres Kourouma: c’est un peu comme si un "mouvement" d’auteurs français se mettait à écrire sur des histoires telles que Outreau, Richard Durn ou Temple Solaire, que cette littérature-là avait un succès monstre à l’étranger, et qu’on vienne vous dire "J’ai vraiment l’impression de mieux comprendre la France depuis que j’ai lu tel livre".

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  • #23 Hélène le 6 février 2007 à 20 h 34 min

    C’est intéressant ce que tu dis Pokou. Je réfléchis, après avoir lu ton commentaire, mais je serais bien incapable de me faire une vraie idée sur la question, je ne connais strictement rien à l’Afrique : qu’on me dise que c’est plein d’enfant soldats, ou plein de saints, je suis aussi prête à admettre l’une ou l’autre assertion (je pense que les deux sont vraies, en plus).

    Cela dit ce bouquin ne m’a pas donné l’impression de mieux conaître l’Afrique, mais d’en approcher certains aspects particuliers. Et ce n’est pas par intérêt sociologoque que je l’ai lu.
    Et que Léonora Miano écrive sur les enfants sorciers ou les Prix Nobel ne change rien à la qualité de son écriture, ce n’est pas un documentaire ou un essai, et ça ne prétend pas l’être.

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  • #24 Pokou le 6 février 2007 à 20 h 57 min

    Oui, je comprends que chacun appréhende l’ouvrage avec ses propres capacités de compréhension, de distanciation (je ne sais pas si ça se dit, mais on se comprend?) mais le commentaire par exemple de Sandrine (ou là! je ne veux pas avoir l’air de faire ton procès, Sandrine) et de plusieurs personnes de mon entourage sur cette littérature-là me démontrent malheureusement que tout le monde n’a pas le même recul que toi. Et le discours par exemple de L. Miano (vue/lue à plusieurs reprises) et dans lequel elle affirme témoigner de la réalité de l’Afrique n’aide pas à relativiser non plus.

    Loin de moi l’idée de dire que ces livres ne doivent pas exister, au contraire! Les Africains sont d’ailleurs les premiers à en bénéficier, puisqu’ils les informe d’une réalité que la plupart des gens ne connaissent pas sur le continent.

    Ce que je regrette, c’est la surreprésentation de cette littérature.

    PS: C’est sympa que tu sois sur ton blog aussi tard ;) Je lis dans la journée mais je ne peux pas poster du boulot :-|

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  • #25 Pokou le 6 février 2007 à 21 h 09 min

    Zut!! J’ai oublié de préciser qu’avec sa belle écriture, son sens puissant de la mise en scène, son sens du rythme, L. Miano s’est vu refuser la publication de tous ses romans avant "l’intérieur de la nuit". Elle y parlait de gens "normaux" évoluant dans des univers urbains, parisiens. Ce n’est que lorsqu’elle a écrit un "roman-catastrophe" qu’elle a commencé à interesser les éditeurs.

    PS: Je connais quelques pays d’Afrique, et le continent est loin d’être peuplé de saints! :D
    Il y a là des courageux, des lâches, des travailleurs, des voleurs, des honnêtes gens, des menteurs, de braves gens, des libres penseurs, des resquilleurs, des gens bien élevés, des grandes gueules, des timides, des criminels, des gens qui vouent leur vie aux autres.
    Comme ici.
    Comme partout.
    Mais avoue-le, je ne t’apprend rien! :)

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  • #26 Hélène le 6 février 2007 à 21 h 34 min

    Je suis souvent sur mon blog le soir aussi Pokou, tu as dû tomber sur des soirs où j’étais particulirèment couche-tôt ;-)

    Je comprends ce que tu veux dire, à propos du fait qu’un roman-catastrophe (encore que je ne donnerais pas ce nom à ceux de Léonora Miano) se vend mieux qu’un truc normal. Ca semble assez inévitable, le but d’un éditeur est avant tout de gagner sa vie, je pense.

    Mais tu vois je lis pas mal de littérature indienne, parce que l’Inde c’est mon truc. J’ai lu dernièrement Bombay Maximum City, qui ne rend compte que d’aspects très durs de la vie de cette ville (mafia, crime, prostitution…), et je n’ai pas trouvé que ça en faussait l’idée, simplement que ça la complétait.

    Est-ce que ce genre de romans ne ferait pas la même chose ?

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  • #27 Pokou le 6 février 2007 à 21 h 56 min

    Effectivement ça peut compléter une idée que tu as déjà. Je connais très peu la littérature de cette partie du monde et malheureusement tout ce que j’en ai lu parlait de problèmes de caste et de mariages forcés. Voilà l’image que j’ai de l’Inde: les castes, les mariages forcés, Bollywood et les call centers! :D
    C’est très caricatural, et toute la faute n’en incombe pas à la littérature.

    Alors oui, dans le cas de l’Inde, les livres complètent la vision que le lecteur moyen peut avoir (toi tu es un cas particulier, puisque tu y es déjà allée si je ne me trompe) parce qu’on en parle en d’autres termes (=Bollywood, les armées d’informaticiens et les call center) mais ce n’est pas le cas pour l’Afrique puisqu’on en donne toujours la même image, que ce soit via la presse, la télé ou la littérature.

    La faute n’en revient pas uniquement aux éditeurs.
    Les journalistes spécialisés et les lecteurs devraient aussi faire l’effort d’aller vers une littérature qui nous apprenne vraiment comment vit l’Autre.

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  • #28 Hélène le 6 février 2007 à 22 h 29 min

    Autant je suis d’accord avec ce que tu as dis jusqu’ici, autant je trouve que la vocation d’un roman n’est pas de nous faire aller vers l’Autre (même si évidemment ça peut être un plus), Pokou, mais de nous raconter une histoire, quelle qu’elle soit.

    C’est en ce sens que ce que fait Léonora Miano ne me semble pas pouvoir lui être reproché, elle n’est pas journaliste ou sociologue, mais romancière.

    Personne ne peut donner une vision parfaitement exacte de quoi que ce soit, tout est subjectif, si on va par là ça ne me pose pas deproblème de lire un extraordinaire roman qui ne me fait pas avancer dans ma connaissance d’un pays, personnellement je ne trouve pas ça indispensable.

    Mais je comprends bien (du moins je pense) ce qui peut t’irriter dans ce genre de processus, et j’entends tout à fait ce que tu dis à ce sujet.

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  • #29 Pokou le 6 février 2007 à 22 h 56 min

    Justement, L. Miano revendique une démarche sociologique, anthropologique et même politique. Elle l’affirme clairement dans toutes ses interviews.

    Ses romans ne sont pas anodins. En tout cas ce n’est pas son intention.

    Après, effectivement, chacun les reçoit selon sa sensibilité et son vécu.

    Personnellement quand je lis un roman "étranger" j’espère découvrir quelque chose de nouveau sur des gens que je ne connais pas.
    Et c’est vrai à une autre échelle, quand je lis une histoire qui se déroule dans un univers familier, j’espère que l’histoire va me faire découvrir une autre manière de penser, c’est toujours la découverte de l’Autre.

    C’était sympa ce petit tête à tête, je te lirais demain matin au boulot sans pouvoir commenter, comme d’habitude, muette et attentive.
    Pour l’heure je vais me démaquiller -jusqu’au coton propre! :D – et me mettre au lit, avec un petit bouquin ;)

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  • #30 Bovarie le 7 février 2007 à 9 h 40 min

    Pokou,il y a la bd "Aya de Yopougon" qui a été primée à Angoulême,son auteur Marguerite Abouet y décrit la vie de trois adolescentes en Afrique dont deux sont trés délurées.C’est rempli d’humour et c’est léger tout en nous parlant de l’Afrique (des années 70).
    A la fin de chaque album il y a "le bonus Ivoirien" des recettes de cuisine et des infos sur la vie quotidienne.On y est à mille lieu de l’Afrique ‘exsangue".

    Hélène,Pokou vous avez toutes les deux des arguments trés intéressants.
    Je suis dans le monde du bouquin et souvent il y a de grandes discussions sur le fait que la litterature contemporaine est trop versée dans le tragique, le sombre .

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  • #31 Hélène le 7 février 2007 à 9 h 59 min

    C’est vrai qu’il y a es trucs pas hyper marrants dans la littérature contemporaine (à am prochaine virée à la Fnac, je m’offre les Bienveillants), cela dit était-ce différent avant Bovarie ? Pas forcément, je pense.

    Pokou je ne savais pas que Léonora Miano avait une démarche sociologique, vu sous cet angle c’est différent, en effet. Malgré tout, j’ai découvert une certain visage de l’Afrique grâce à elle, que je n’aurais sans doute jamais découvert autrement (jamais de télé, jamais de journaux, je suis assez mal informée ;-)).
    Et qui, quoui qu’on en dise, existe.

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  • #32 marion le 7 février 2007 à 22 h 10 min

    je trouve très dommage qu’un aussi beau sujet, avec un billet aussi merveilleusement écrit ne récolte "que" 31 commentaires … alors que le billet d’aujourd’hui, qui moi m’a fait rire, engendre des réactions parfois très violentes …
    Je me concentrerai donc sur cette critique qui me donne très très très envie de lire ce beau live (que je me procurerai dès qu’l sera sorti en poche, ça tient mieux dans le sac à main pour le métro/le RER :op)

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  • #33 Hélène le 8 février 2007 à 9 h 24 min

    Chacun voit midi à sa porte, marion… ;-)

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  • #34 May le 9 février 2007 à 13 h 24 min

    Pokou,
    Que de rage! Vous semblez oublier que tout roman parle avant tout d’humanité. C’est la difficulté des hommes à se rapprocher qui est décrite dans les textes de Léonora Miano, la complexité de l’amour dans des espaces hostiles (qui pourraient être n’importe où).

    Oui, il est ausi question, si on s’attache aux aspects politiques des textes de Miano, de l’Afrique centrale contemporaine. Cependant le côté humain est toujours universel.

    L’intérieur de la nuit parle de crispations identitaires, de fascisme, d’errances intérieures: rien de spécifiquement africain.

    Contours du jour qui vient parle de la construction d’une individualité, de la connaissance de soi, de l’acceptation de son passé, de la capacité à porter ses cicatrices avec élégance: là non plus, rien d’africain.

    Ces textes parlent de nous tous. C’est d’ailleurs ce qu’ont dit les jeunes jurés du Goncourt, qui l’ont choisi pour son universalité. Ils disent en tirer des leçons de vie…

    Vous dites une autre contre vérité: Léonora Miano a proposé un roman aux éditeurs avant L’intérieur de la nuit. Ce texte, c’est elle qui refuse aujourd’hui de le voir publié, parce que son écriture a muri, parce qu’elle écrira encore sur la France, où elle vit depuis 15 ans.

    Plon, son éditeur actuel, avait eu un coup de coeur pour son écriture dès ce premier roman, et comptait le faire paraître. L’auteur l’a dit a plusieurs reprises.

    Laissez-la construire son oeuvre, et jugez sur pièce, pas avec votre grande douleur qui vous empêche de considérer que les africains sont des humains comme les autres: ni pires, ni meilleurs. Juste pareils.

    Vous savez, quand il est question de littérature, les pays deviennent des décors. L’Afrique centrale de Miano, le Sud de Falkner, ce sont là des constructions d’auteurs avant tout. Ce qui compte est toujours au-delà, et c’est l’humain.

    Ce qui touche, chez Miano, c’est que l’humanité fragile et puissante devienne si palpable.

    Vous parlez de littérature aficaine catastrophe, mais il n’y a rien de catastrophique chez Alain Mabanckou, lauréat du Renaudot, et qui vend deux fois plus de livres en france que Mlle Miano… Cette stigmatisation n’existe que dans votre esprit. Les lecteurs français sont plus intelligents que les médias, et ils savent lire.

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  • #35 Lalah le 9 février 2007 à 19 h 58 min

    Je pense que May voulait dire Faulkner? :-)

    Pokou, ma reine (puisque vous avez choisi pour pseudo le nom d’une reine baoulé qui sacrifia son unique fils pour sauver son peuple…), je ne vous trouve pas très royale.

    On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments. Même les comédies de Molière étaient tragiques.

    Par ailleurs, il n’y a que les esprits limités, qui lisent les romans, d’où qu’ils soient, comme s’ils étaient des documentaires. Le réel fictionnel n’est jamais l’intégralité de la réalité. C’est un travail d’artiste, pas de journaliste.

    Quand Tony Morisson choisit l’infanticide comme motif de son roman Beloved (outre l’héroïne, plusieurs autres femmes tuent ou laissent mourir de faim leurs rejetons), tout le monde sait qu’elle n’est pas en train de nous dire que les femmes esclaves avaient coutume de tuer leurs enfants. Le travail des historiens nous montre que ce n’était pas une généralité, même si on peut comprendre qu’elles aient pu le faire pour leur éviter la servitude.

    Le propos d’un texte est toujours au-delà des simples faits qu’il énonce, et Morisson mérite son Nobel. Apprenez à lire vraiment les textes, et prenez ceci comme préalable: il n’y a qu’une seule humanité.

    L’avancée technologique de l’Occident n’a pas produit de meilleurs humains. La violence policée, maquillée, devenue plus pernicieuse parce qu’elle s’attaque aux esprits plutôt qu’aux corps, reste la violence.

    Le grand tour de force de Miano, ce qu’on attend des auteurs d’aujourd’hui, c’est de savoir restituer cette transversalité de la condition humaine. J’ai lu dans Jeune Afrique que des lecteurs Serbes l’avaient remerciée d’avoir écrit L’intérieur de la nuit, qui leur parlait exactement de ce qu’ils avaient vécu pedant la guerre du Kosovo, et dont on ne dit toujours rien.

    Qui sait si l’Afrique centrale de L.Miano n’est pas plus douce que la Tchétchénie?

    Dépassez votre couleur, intégrez l’humanité en égale, pas en victime. Miano traverse les ténèbres avec la force de ceux qui peuvent les chasser, trouver de la lumière quand tous s’étaient arrêtés de marcher pour pleurnicher et ne rien trouver que la permanence du chagrin.

    Dire ces choses, c’est déjà les dépasser. Trouver des mots pour parler de la mort, c’est affirmer que la vie est souveraine. Quand on n’a plus de mots, tout est fini.

    Vous avez raison, les auteurs français les plus célébrés ne font pas dans la critique sociale, craignent de produire un discours sur le monde. Certains le font: Jean Eric Boulin: Supplément au roman national, Serge Joncour: Que la paix soit avec nous Christophe Mileschi: Morts et Remords, Carlos Batista: Poulailler… Il y en a des tas. Certains sont assez virulents.

    N’épousez pas l’opinion des critiques, forgez-vous la vôtre, en toute objectivité. Miano cite Dianne Reeves, en exergue de son texte: "I sing of rebirth, no victim song." On pourrait traduire: Je chante la renaissance, pas une complainte victimaire. Tout est dit. Vous avez mal lu.

    Les autres aussi, s’ils n’ont pas compris qu’il était question, dans Contours du jour qui vient, de surmonter ses douleurs pour se reconstruire. Cela vaut, dans ce roman, pour l’individu comme pour la collectivité.

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  • #36 Armelle le 9 février 2007 à 20 h 01 min

    Je lis dans un Elle de décembre que le prochain Miano ne se déroule pas en Afrique… Il sort chez le même éditeur, qui ne semble pas chercher à brider son auteur.

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  • #37 Nzinga le 9 février 2007 à 20 h 07 min

    Reine Pokou,

    D’où vient que les Africains trouvent toujours à redire quand l’un d’eux est fêté, comme s’il avait conclu un pacte avec le diable?

    Un grand merci à Hélène, d’avoir bien voulu partager ses émotions de lecture avec nous.

    Je vous invite à lire Le Monde Connu, de Edward P. Jones, qui a obtenu le Pulltzer en 2004, sans que les Noirs américains lui reprochent d’avoir écrit sur cette période particulière de l’Histoire des USA, où les Noirs affranchis possédaient des esclaves… noirs!

    La littérature, ça gratte où ça fait mal. Et c’est bien.

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  • #38 pomme le 9 février 2007 à 20 h 26 min

    Alors moi j’ai pas encore lu ce livre, je ne connais pas l’Afrique, mais je voulais juste dire que je trouve tous ces commentaires passionnants, riches, profonds. Merci à vous.

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  • #39 Hélène le 9 février 2007 à 20 h 46 min

    Nzinga, Lalah, Armelle, soyez les bienvenues. Merci pour vos éclaircissements sur cet auteur.
    Et restons calmes, tout ça ne doit pas nous empêcher de garder humour et bienveillance ;-)

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  • #40 Nzinga le 10 février 2007 à 13 h 00 min

    Oui à l’humour et à la bienveillance.! Mille fois!

    Il fallait seulement rappeler qu’un auteur est un artiste.

    Sa sensibilité est son principal outil de travail, c’est elle qui guide ses choix.

    Quand nous entendons une chanson triste, nous savons qu’elle se réfère seulement à une partie du quotidien. Ce n’est pas pour ça qu’elle est fausse.

    Il en va de même pour les romans: ils parlent d’une partie du réel.

    Léonora Miano ne dit pas que l’Afrique soit pour tous un enfer. Elle nous décrit l’enfer qu’elle peut être parfois, pour certains.

    Ses textes s’attachent à des personnages marginaux, à des gens qui n’ont pas la parole.

    En choisissant ce même parti pris, un auteur français aurait pu faire une peinture similaire de son pays.

    D’ailleurs, cette société (incarnée par la mère) qui ne s’aime pas, qui ne peut donc aimer ses enfants, ni leur proposer un avenir… Cette société qui ne parvient pas à regarder son passé en face, à bien des égards, pourrait être la France.

    La France du CPE, de la précarisation des jeunes qui savent qu’ils n’auront pas ce que leurs parents ont eu. La France qui peine à légitimer tous ses enfants…

    Je trouve que cet auteur, contrairement à ce que certains semblent penser, n’a aucun complexe de son origine: elle sait que les failles africaines qu’elle montre, sont visibles chez tous parce qu’elles sont tout simplement humaines.

    Replacer l’Afrique dans cette globalité humaine, est une démarche à saluer. Pas de folklore, pas d’images éculées. Simplement une rare audace: celle de d’affirmer que ce continent laissé pour compte, est aussi un miroir tendu aux autres peuples.

    Oui, l’Afrique est dans le monde et parle donc du monde.

    Absence: manque
    Volition: acte de volonté
    Résilience: résistance aux chocs
    Génération: engendrement de soi
    Licence: droit de se définir, d’être soi

    Tels sont les stations du chemin de Musango. Quel humain peut grandir sans les faire?

    Partir de soi, est toujours la meilleure manière d’embrasser l’universel. Miano part de ses racines, et c’est nous tous qu’elle raconte.

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  • #41 Sarah le 25 mars 2007 à 20 h 04 min

    Coucou tout le monde,
    Je voudrais faire part de mon expérience car j’i eu la chance de participer cette année au Goncour des lycéens. Ce livre à plus à toute la classe et c’était notre premier choix. En plus de sa nous avons la chance d’avoir l’occasion de la rencontrer cette semaine, ce vendredi au lycée.
    C’est n livre touchant est trés bien écrit, c’est agréable d’étudié un livre plus intéressant que les classiques ^^.

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  • #42 Hélène le 25 mars 2007 à 21 h 28 min

    Merci beaucoup pour ton commentaire Sarah ! Tu as de la chance d’avoir rencontré cette auteure ! Sois la bienvenue ;-)

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  • #43 Sarah le 25 mars 2007 à 21 h 43 min

    Merci, à vrai dre c’est vendredi que je la rencntre je viendrais faire mon petit compte rendu.
    A vrai dire je me rend compte seulement maintenant de la chance que j’ai de vivre cette expérience et il me semble que nous somme la seule ayant participer aux Goncourt des lycéen à la rencontrer ^^

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  • #44 Sarah le 6 avril 2007 à 20 h 09 min

    Rencontre trés amicale avec Léonora Miano.
    Elle à trés bien répondu à nos questions, s’est laissé prendre en photo avec nous, et trés gentillement dédicassé nos livre.
    C’est quelquun de trés agréable et gentille.
    Merci à elle pour cette aprem’ avec elle.

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  • #45 Hélène le 6 avril 2007 à 21 h 52 min

    Merci à toi pour ce compte-rendu Sarah ;-)

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  • #46 Sarah le 7 avril 2007 à 21 h 10 min

    De rie, c’était vraiment un plaisir de la rencontrer ^^

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  • #47 May le 22 avril 2007 à 8 h 47 min

    il y a aussi un site: http://www.leonoramiano.com, pour mieux comprendre et pour écrire à l’auteur

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  • #48 Hélène le 22 avril 2007 à 13 h 21 min

    Merci May pour ce lien !

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